pas la grâce que je vous demande de me donner un soufflet : je l’ai mérité et même un plus grand châtiment. »
En achevant ces paroles, il quitta la main du calife pour lui laisser la liberté de lui donner le soufflet ; mais de crainte qu’il ne passât outre sans le faire, il le prit par son habit.
Le calife surpris de la demande et de l’action de l’aveugle : « Bon-homme, dit-il, je ne puis t’accorder ce que tu me demandes. Je me garderai bien d’effacer le mérite de mon aumône par le mauvais traitement que tu prétends que je te fasse. » Et en achevant ces paroles, il fit un effort pour faire quitter prise à l’aveugle.
L’aveugle qui s’étoit douté de la répugnance de son bienfaiteur, par l’expérience qu’il en avoit depuis long-temps, fit un plus grand effort pour le retenir.
« Seigneur, reprit-il, pardonnez-moi ma hardiesse et mon importunité ; donnez-moi, je vous prie, un soufflet, ou reprenez votre aumône ; je ne puis la recevoir qu’à cette con-