Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VI.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.
197
CONTES ARABES.

Ils prirent chacun un habit de marchand étranger ; et sous ce déguisement ils sortirent seuls par une porte secrète du jardin du palais qui donnoit sur la campagne. Ils firent une partie du circuit de la ville par les dehors, jusqu’aux bords de l’Euphrate, à une distance assez éloignée de la porte de la ville, qui étoit de ce côté-là, sans avoir rien observé qui fût contre le bon ordre. Ils traversèrent ce fleuve sur le premier bateau qui se présenta ; et après avoir achevé le tour de l’autre partie de la ville, opposée à celle qu’ils venoient de quitter, ils reprirent le chemin du pont qui en faisoit la communication.

Ils passèrent ce pont, au bout duquel ils rencontrèrent un aveugle assez âgé, qui demandoit l’aumône. Le calife se détourna et lui mit une pièce de monnoie d’or dans la main.

L’aveugle à l’instant lui prit la main et l’arrêta.

« Charitable personne, dit-il, qui que vous soyez, que Dieu a inspiré de me faire l’aumône, ne me refusez