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CONTES ARABES.

temps avoit entendu dire beaucoup de bien de la sainte femme, mais qui ne l’avoit pas encore vue, eut la curiosité de la voir et de s’entretenir avec elle. Comme elle en eut témoigné quelque chose, le chef de ses eunuques qui étoit présent, lui dit que si elle le souhaitait, il étoit aisé de la faire venir, et qu’elle n’avoit qu’à commander. La princesse y consentit ; et aussitôt il détacha quatre eunuques, avec ordre d’amener la prétendue sainte femme.

Dès que les eunuques furent sortis de la porte du palais d’Aladdin, qu’on eut vu qu’ils venoient du côté où étoit le magicien déguisé, la foule se dissipa ; et quand il fut libre, et qu’il eut vu qu’ils venoient à lui, il fit une partie du chemin avec d’autant plus de joie qu’il voyoit que sa fourberie prenoit un bon chemin. Celui des eunuques qui prit la parole, lui dit : « Sainte femme, la princesse veut vous voir ; venez, suivez-nous. » « La princesse me fait bien de l’honneur, reprit la feinte