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LES MILLE ET UNE NUITS,

éclair qui fut suivi d’un coup de tonnerre. Toute l’isle se couvrit d’épaisses ténèbres ; il s’éleva un vent furieux ; l’on entendit ensuite un cri épouvantable ; la terre fut ébranlée, et l’on sentit un tremblement pareil à celui qu’Asrafyel[1] doit causer le jour du jugement.

Zeyn sentit quelqu’émotion, et commençoit à tirer de ce bruit un fort mauvais présage, lorsque Mobarec, qui savoit mieux que lui ce qu’il falloit penser, se prit à sourire, et lui dit : « Rassurez-vous, mon prince, tout va bien. » En effet, dans le moment le roi des Génies se fit voir sous la forme d’un bel homme. Il ne laissoit pas, toutefois, d’avoir dans son air quelque chose de farouche.

D’abord que le prince Zeyn l’aperçut, il lui fit le compliment que Mobarec lui avoit dicté. Le roi des

  1. Asrafyel, ou Asrafil : c’est l’ange qui, suivant les Mahométans, doit sonner de la trompette au son de laquelle tous les morts doivent ressusciter pour paroître au dernier jugement.