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LES MILLE ET UNE NUITS,

marchand fit sa révérence en se jetant la face contre terre ; et puis s’étant levé, il débita un beau compliment en vers, qui bien que composé sur-le-champ, ne laissa pas d’attirer l’approbation de toute la cour. Après son compliment, le calife le fit approcher et lui dit : « Je suis bien aise de te voir, et d’apprendre de toi-même où tu as trouvé ma favorite et tout ce que tu as fait pour elle. » Ganem obéit, et parut si sincère, que le calife fut convaincu de sa sincérité. Ce prince lui fit donner une robe fort riche, selon la coutume observée envers ceux à qui l’on donnoit audience. Ensuite il lui dit : « Ganem, je veux que tu demeures dans ma cour. » « Commandeur des croyans, répondit le jeune marchand, l’esclave n’a point d’autre volonté que celle de son maître, de qui dépendent sa vie et son bien. » Le calife fut très-satisfait de la réponse de Ganem, et lui donna une grosse pension. Ensuite ce prince descendit du trône, et se faisant suivre par Ganem et par le grand visir