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CONTES ARABES.

âgée, et qui n’avoit jamais eu d’assez beaux traits pour lui faire juger que les autres femmes fussent plus belles. Il pouvoit bien avoir entendu dire qu’il y en avoit d’une beauté surprenante ; mais quelques paroles qu’on emploie pour relever le mérite d’une beauté, jamais elles ne font l’impression que la beauté fait elle-même.

Lorsqu’Aladdin eut vu la princesse Badroulboudour, il perdit la pensée qu’il avoit que toutes les femmes dussent ressembler à peu près à sa mère ; ses sentimens se trouvèrent bien différens, et son cœur ne put refuser toutes ses inclinations à l’objet qui venoit de le charmer. En effet, la princesse étoit la plus belle brune que l’on pût voir au monde : elle avoit les yeux grands, à fleur de tête, vifs et brillans, le regard doux et modeste, le nez d’une juste proportion et sans défaut, la bouche petite, les lèvres vermeilles et toutes charmantes par leur agréable symétrie ; en un mot, tous les traits de son visage étoient d’une régularité