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LES MILLE ET UNE NUITS,

Le calife, de son côté, n’avoit pas pris la chose si à cœur ; loin de s’effrayer en entendant la voix d’Abou Hassan, il pensa au contraire étouffer de rire en les voyant tous deux se débarrasser de tout ce qui les entouroit, et en entendant Abou Hassan demander très-sérieusement les mille pièces d’or qu’il avoit promises à celui qui lui diroit qui étoit mort le premier. « Quoi donc, Abou Hassan, lui dit le calife en éclatant encore de rire, as-tu donc conspiré à me faire mourir à force de rire ? Et d’où t’est venue la pensée de nous surprendre ainsi Zobéïde et moi par un endroit sur lequel nous n’étions nullement en garde contre toi ? »

« Commandeur des croyans, répondit Abou Hassan, je vais le déclarer sans dissimulation. Votre Majesté sait bien que j’ai toujours été fort porté à la bonne chère. La femme qu’elle m’a donnée, n’a point ralenti en moi cette passion ; au contraire, j’ai trouvé en elle des inclinations toutes favorables à l’aug-