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CONTES ARABES.

venoit droit à leur logis, il comprit aussitôt à quel dessein il étoit envoyé. Il dit à sa femme de faire la morte encore une fois, comme ils en étoient convenus, et de ne pas perdre de temps.

En effet, le temps pressoit, et c’est tout ce qu’Abou Hassan put faire avant l’arrivée de Mesrour que d’ensevelir sa femme, et d’étendre sur elle la pièce de brocard que le calife lui avoit fait donner. Ensuite il ouvrit la porte de son logis ; et le visage triste et abattu, en tenant son mouchoir devant les yeux, il s’assit à la tête de la prétendue défunte.

À peine eut-il achevé, que Mesrour se trouva dans sa chambre. Le spectacle funèbre qu’il aperçut d’abord, lui donna une joie secrète par rapport à l’ordre dont le calife l’avoit chargé. Sitôt qu’Abou Hassan l’aperçut, il s’avança au-devant de lui ; et en lui baisant la main par respect : « Seigneur, dit-il en soupirant et en gémissant, vous me voyez dans la plus grande affliction qui pouvoit ja-