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LES MILLE ET UNE NUITS,

de me faire sentir les effets avec tant de bonté, je ne doute nullement de sa parole irrévocable ; mais comme l’intérêt n’a jamais eu d’empire sur moi, puisqu’elle me donne cette liberté, la grâce que j’ose lui demander, c’est de me donner assez d’accès près de sa personne, pour avoir le bonheur d’être toute ma vie l’admirateur de sa grandeur. »

Ce dernier témoignage de désintéressement d’Abou Hassan acheva de lui mériter toute l’estime du calife. « Je te sais bon gré de ta demande, lui dit le calife ; je te l’accorde, avec l’entrée libre dans mon palais à toute heure, en quelqu’endroit que je me trouve. » En même temps il lui assigna un logement dans le palais. À l’égard de ses appointemens, il lui dit qu’il ne vouloit pas qu’il eût affaire à ses trésoriers, mais à sa personne même ; et sur-le-champ il lui fit donner par son trésorier particulier une bourse de mille pièces d’or. Abou Hassan fit de profonds remercîmens au calife, qui le quitta pour