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CONTES ARABES.

qu’il ne s’en trouvât incommodé. Enfin, il se releva, et il ouvrit la jalousie. Alors en avançant la tête et en riant toujours : « Abou Hassan, Abou Hassan, s’écria-t-il, veux-tu donc me faire mourir à force de rire ? »

À la voix du calife tout le monde se tut, et le bruit cessa. Abou Hassan s’arrêta comme les autres, et tourna la tête du côté qu’elle s’étoit fait entendre. Il reconnut le calife, et en même temps le marchand de Moussoul. Il ne se déconcerta pas pour cela. Au contraire, il comprit dans ce moment qu’il étoit bien éveillé, et que tout ce qui lui étoit arrivé étoit très-réel, et non pas un songe. Il entra dans la plaisanterie et dans l’intention du calife : « Ha, ha, s’écria-t-il en le regardant avec assurance, vous voilà donc, marchand de Moussoul ! Quoi, vous vous plaignez que je vous fais mourir, vous qui êtes cause des mauvais traitemens que j’ai faits à ma mère, et de ceux que j’ai reçus pendant un si