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CONTES ARABES.

lui : « Votre incrédulité et votre importunité, lui dit-il, ont poussé ma patience à bout. Ce que je vais vous raconter vous fera connoître si c’est à tort que je me plains de vous. »

Le calife s’assit auprès d’Abou Hassan, qui lui fit le récit de toutes les aventures qui lui étoient arrivées depuis son réveil dans le palais, jusqu’à son second réveil dans sa chambre ; et il les lui raconta toutes comme un véritable songe qui étoit arrivé, avec une infinité de circonstances que le calife savoit aussi bien que lui, et qui renouvelèrent le plaisir qu’il s’en étoit fait. Il lui exagéra ensuite l’impression que ce songe lui avoit laissée dans l’esprit, d’être le calife et le Commandeur des croyans. « Impression, ajouta-t-il, qui m’avoit jeté dans des extravagances si grandes, que mes voisins avoient été contraints de me lier comme un furieux, et de me faire conduire à l’hôpital des fous, où j’ai été traité d’une manière qu’on peut appeler cruelle, barbare et inhumaine ; mais ce qui vous surpren-