Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/259

Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
CONTES ARABES.

miner la vérité de tout ce qu’il voit et de ce qu’il entend. « Je crois que vous avez raison, dit-il à sa mère quelques momens après, en revenant comme d’un profond sommeil, sans pourtant changer de posture : il me semble, que je suis Abou Hassan, que vous êtes ma mère, et que je suis dans ma chambre. Encore une fois, ajouta-t-il en jetant les yeux sur lui et sur tout ce qui se présentoit à sa vue, je suis Abou Hassan, je n’en doute plus ; et je ne comprends pas comment je m’étois mis cette rêverie dans la tête ! »

La mère crut de bonne foi que son fils étoit guéri du trouble qui agitoit son esprit et qu’elle attribuoit à un songe. Elle se préparoit même à en rire avec lui et à l’interroger sur ce songe, quand tout-à-coup il se mit sur son séant ; et en la regardant de travers : « Vieille sorcière, vieille magicienne, dit-il, tu ne sais ce que tu dis : je ne suis pas ton fils, et tu n’es pas ma mère. Tu te trompes toi-même, et tu veux m’en faire