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LES MILLE ET UNE NUITS,

soul, c’est-à-dire le calife, et Abou Hassan se furent remis à table, Abou Hassan avant de toucher au fruit, prit une tasse, se versa à boire le premier, et en la tenant à la main : « Seigneur, dit-il au calife, qui étoit, selon lui, un marchand de Moussoul, vous savez comme moi que le coq ne boit jamais qu’il n’appelle les poules pour venir boire avec lui : je vous invite donc à suivre mon exemple. Je ne sais ce que vous en pensez ; pour moi il me semble qu’un homme qui hait le vin et qui veut faire le sage, ne l’est pas. Laissons là ces sortes de gens avec leur humeur sombre et chagrine, et cherchons la joie ; elle est dans la tasse, et la tasse la communique à ceux qui la vuident. »

Pendant qu’Abou Hassan buvoit : « Cela me plaît, dit le calife en se saisissant de la tasse qui lui étoit destinée, et voilà ce qu’on appelle un brave homme. Je vous aime de cette humeur, et avec cette gaieté j’attends que vous m’en versiez autant. »