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LES MILLE ET UNE NUITS,

m’ont tous abandonné. Quand je dis que je n’ai plus de quoi continuer à leur faire bonne chère, j’entends parler de l’argent que j’avois mis à part pour l’employer à l’usage que j’en ai fait. Pour ce qui est de mon revenu, je rends grâces à Dieu de m’avoir inspiré de le réserver, sous la condition et sous le serment que j’ai fait de n’y pas toucher pour le dissiper si follement. Je l’observerai ce serment, et je sais le bon usage que je ferai de ce qui me reste si heureusement. Mais auparavant, je veux éprouver jusqu’à quel point mes amis, s’ils méritent d’être appelés de ce nom, pousseront leur ingratitude. Je veux les voir tous l’un après l’autre ; et quand je leur aurai représenté les efforts que j’ai faits pour l’amour d’eux, je les solliciterai de me faire entr’eux une somme qui serve en quelque façon à me relever de l’état malheureux où je me suis réduit pour leur faire plaisir. Mais je ne veux faire ces démarches, comme je vous ai déjà dit, que pour voir si