Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/174

Cette page a été validée par deux contributeurs.
164
LES MILLE ET UNE NUITS,

elles tournèrent aussi trois fois autour du dôme ; et s’étant arrêtées au même endroit que les autres, la plus jeune porta la parole, et dit :

« Ô prince, autrefois si beau, quels secours peux-tu attendre de nous ? Si nous pouvions te ranimer par nos attraits, nous nous rendrions tes esclaves ; mais tu n’es plus sensible à la beauté, et tu n’as plus besoin de nous ! »

Les jeunes filles s’étant retirées, le roi et ses courtisans se levèrent, et firent trois fois le tour de la représentation ; puis le roi prenant la parole, dit :

« Ô mon cher fils, lumière de mes yeux, je t’ai donc perdu pour toujours ! »

Il accompagna ces mots de soupirs, et arrosa le tombeau de ses larmes. Les courtisans pleurèrent à son exemple ; ensuite on ferma la porte du dôme, et tout le monde retourna à la ville. Le lendemain on fit des prières publiques dans les mosquées, et on les continua huit jours de suite.