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CONTES ARABES.

fidèles, il attaqua le nègre. Le combat dura long-temps ; mais enfin le pirate tomba sous les coups de son ennemi, aussi bien que tous ses esclaves, qui aimèrent mieux mourir que de l’abandonner. Après cela, le nègre m’emmena dans ce château, où il apporta le corps du pirate qu’il mangea à son souper. Sur la fin de cet horrible repas, il me dit, voyant que je ne faisois que pleurer : « Jeune dame, dispose-toi à combler mes désirs, au lieu de t’affliger ainsi. Cède de bonne grâce à la nécessité : je te donne jusqu’à demain à faire tes réflexions. Que je te revoie toute consolée de tes malheurs, et ravie d’être réservée à mon lit. » En achevant ces paroles, il me conduisit lui-même dans une chambre, et se coucha dans la sienne, après avoir fermé lui-même toutes les portes du château. Il les a ouvertes ce matin, et refermées aussitôt pour courir après quelques voyageurs qu’il a remarqués de loin ; mais il faut qu’ils lui soient échappés, puisqu’il revenoit seul et sans