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CONTES ARABES.

« Princes, leur dit-elle, je suis d’un pays trop éloigné d’ici ; et outre que ce seroit abuser de votre générosité que de vous faire faire tant de chemin, je vous avouerai que je suis pour jamais éloignée de ma patrie. Je vous ai dit tantôt que j’étois une dame du Caire ; mais après les bontés que vous me témoignez, et l’obligation que je vous ai, Seigneur, ajouta-t-elle en regardant Codadad, j’aurois mauvaise grâce de vous déguiser la vérité. Je suis fille de roi. Un usurpateur s’est emparé du trône de mon père, après lui avoir ôté la vie ; et pour conserver la mienne, j’ai été obligée d’avoir recours à la fuite. » À cet aveu, Codadad et ses frères prièrent la princesse de leur conter son histoire, en l’assurant qu’ils prenoient toute la part possible à ses malheurs, et qu’ils étoient disposés à ne rien épargner pour la rendre plus heureuse. Après les avoir remerciés des nouvelles protestations de service qu’ils lui faisoient, elle ne put se dispenser de satisfaire