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LES MILLE ET UNE NUITS,

« Plusieurs de nous répugnent, avec raison, à tremper leurs mains dans le sang du prince, mais veulent lui ôter la vie par un autre moyen. Nous pouvons, sans en venir à cette extrémité, satisfaire notre haine, nous débarrasser d’un maître orgueilleux, et nous emparer de ses richesses. Le prince ne reprendra peut-être jamais l’usage de ses sens, et certainement il ne pourra revenir à lui qu’après un laps de temps considérable. Que pourra-t-il faire lorsqu’il sera seul, sans provisions, et que nous lui aurons enlevé ses armes et son cheval ? Il périra infailliblement, en voulant, comme nous ne pouvons en douter, poursuivre son entreprise ; mais au moins, nous n’aurons pas versé son sang de ces mains qui ont serré celles de l’émir en lui jurant de défendre la vie de son fils. »

Les perfides chevaliers se laissèrent persuader par Rabia. Ils prirent l’épée, l’armure et le cheval du prince ; emportèrent les provisions,