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CONTES ARABES.

tion s’etoit déjà répandue au loin, et il passoit pour le plus vaillant chevalier qu’il y eût au monde.

Le chevalier, ou plutôt le génie chargé d’apprendre au prince le métier des armes, devoit le quitter aussitôt que sa mission seroit remplie. Alâbous voyant que le prince n’avoit plus besoin de ses leçons, lui dit un jour, en se promenant à cheval avec lui dans la campagne :

« Mon fils, vous savez que vous devez endurer bien des fatigues, courir bien des dangers ; mais vous ignorez quel doit être le prix de tant de travaux. Ce prix, c’est la belle Dorrat Algoase[1], qui règne sur des milliers d’isles situées aux extrémités de l’Océan, et habitées tout à-la-fois par des génies et par des hommes. Ces deux espèces vivent ensemble sous ses lois dans la meilleure intelligence, et chérissent également leur reine. Elle a deux visirs, l’un de

  1. En arabe, dorrat algawwas, la perle du plongeur.