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LES MILLE ET UNE NUITS,

aussi terrible, et mettent aussitôt l’épée à la main. Les coups sont portes et parés de part et d’autre avec une rapidité que l’œil a peine à suivre : on s’attaque, on se presse, on s’évite, on se fuit tour-à-tour. L’air retentit du cliquetis des armes ; un nuage de poussière couvre les combattans.

L’émir ne tarda pas à s’apercevoir qu’il avoit affaire à un adversaire qui ne lui étoit point inférieur. Il ne jugea pas à propos de pousser plus loin l’épreuve, et fît signe à l’inconnu de cesser leur combat. Celui-ci sautant en bas de son cheval, se jeta aux pieds de l’émir, et lui dit :

« Si j’ai proposé un combat à l’émir Selama, ce n’étoit point dans l’espoir de le vaincre : je desirois seulement de ne pas lui paroître indigne de l’emploi que je sollicite auprès de son fils. »

« Brave chevalier, lui répondit l’émir, jamais je n’ai rencontré un rival aussi redoutable que vous. Je voulois seulement moi-même éprou-