Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IX.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
LES MILLE ET UNE NUITS,

Lorsque Selama eut entendu ce discours, il se prosterna aux pieds du génie, et lui dit : « Puissant génie, je rends grâces à Dieu de la faveur signalée qu’il m’a faite en vous envoyant vers moi. »

Le génie fit relever l’émir Selama, tourna ses regards vers le jeune Habib, et dit en pleurant : « Si vous saviez ce qui doit arriver à ce jeune prince lorsque je ne serai plus auprès de lui !… » « Que doit-il lui arriver, dit Selama avec inquiétude ? » « Je ne puis vous le révéler, répondit le génie. » En disant ces mots, il serra le jeune prince contre son sein, poussa un grand cri, et disparut.

Habib se voyant privé d’un maître qu’il aimoit tendrement, fit éclater ses regrets dans les termes les plus touchans. « Où est-il, s’écrioit-il, celui à qui je dois tout ce que je sais ? Sa perte est pour moi le plus grand des maux, et je n’en puis désormais craindre d’autre. Comment pourrai-je vivre sans lui ? Nuit et jour son image sera présente à mon esprit ;