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CONTES ARABES.

« Savez-vous, me dit alors la jeune dame, à qui vous adressez ce langage ? » « Madame, lui répondis-je, cette connoissance ne pourroit rien changer à mon amour. » « Apprenez, reprit-elle, que ma naissance et mes sentimens ne me permettent d’écouter d’autre amour qu’un amour honnête et légitime. Je suis la princesse Dounia, fille d’Iahia Ebn Khaled al Barmaki, et sœur du grand visir Giafar. »

» Ce discours me causa une surprise extrême ; je fis quelque pas en arrière, et tâchai de m’excuser en disant : « Pardonnez, Madame, mon indiscrétion ; pardonnez un aveu que j’aurois pour jamais renfermé dans mon ame, si j’avois connu plus tôt le haut rang dans lequel vous êtes née. Les bontés que vous avez daigné me témoigner m’ont aveuglé, je l’avoue ; elles seules peuvent me servir d’excuse. »

« Ne cherchez pas à vous excuser, reprit en riant la princesse ; je ne vous aurois pas fait la première l’aveu