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LES MILLE ET UNE NUITS,

étendu sans vie à mes pieds : « Grand Dieu, s’écrie-t-elle, me voilà donc la victime de ce génie perfide ! » À peine avoit-elle prononcé ces paroles, que le génie rebelle qu’elle paroissoit craindre, parut tout-à-coup dans l’appartement, et l’enleva à mes yeux.

» Les cris de mon épouse et les miens réveillèrent le schérif, qui entra dans l’appartement, et devina facilement le sujet de ma frayeur en ne voyant plus sa fille, et en apercevant la porte du cabinet ouverte.

« Malheureux Abou Mohammed, me dit-il en s’arrachant les cheveux, hélas, qu’avez-vous fait ? Est-ce donc là la récompense que vous nous destiniez à ma fille et à moi, pour la manière dont nous avons agi à votre égard ? J’avois composé moi-même ce talisman ; je l’avois placé dans ce cabinet pour empêcher ce maudit génie d’exécuter ses sinistres projets sur ma fille. Depuis six ans, il avoit fait de vains efforts pour s’emparer d’elle ; mais c’en est fait, main-