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LES MILLE ET UNE NUITS,

que le scheikh Aboul Mozaffer est sur le point de partir pour faire un voyage à la Chine. C’est un homme rempli de charité pour les pauvres, et très-connu par sa probité. Fais un effort sur toi-même, mon enfant, lève-toi ; viens avec moi lui porter ces cinq pièces d’argent, et le prier de t’acheter dans ce pays de la Chine, dont on raconte tant de merveilles, quelque chose qui puisse t’être utile. Si tu ne veux pas te lever et venir avec moi, je te jure que je ne reviendrai plus te voir, et que je te laisserai mourir de faim et de soif. »

Je vis bien, par ce discours, que ma mère étoit révoltée de ma paresse : je craignis l’effet de ses menaces, et je crus devoir faire un effort pour me tirer de l’engourdissement où je vivois ; car je ne crois pas qu’il y eût alors sur la terre un animal plus paresseux que moi. Je dis donc à ma mère : « Eh bien, ma mère, aidez-moi à me mettre sur mon séant ! » Tandis qu’elle me rendoit ce service, je gémissois