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CONTES ARABES.

pauvre chirurgien, qui exerçoit sa profession dans les bains publics ; et tout ce qu’on a raconté à votre Majesté de mon excessive paresse est l’exacte vérité ; car dans mon enfance j’étois si paresseux, que quand je dormois, ce qui m’arrivoit souvent, si le soleil venoit à donner à-plomb sur ma tête, je n’avois pas le courage de me lever pour aller me mettre à l’ombre.

J’avois atteint ma quinzième année quand mon père mourut, et me laissa, ainsi que ma mère, dans la plus profonde indigence. Cette pauvre femme étoit obligée de faire le métier de servante dans le voisinage pour pouvoir subsister ; et malgré la détresse où elle se trouvoit, elle avoit cependant la bonté de m’apporter à boire et à manger, tandis que je n’avois pas honte de rester couché toute la journée.

Ma mère vint un jour me trouver, tenant dans sa main cinq pièces d’argent, fruit de ses épargnes, et me tint ce discours :

« Mon fils, je viens d’apprendre