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LES MILLE ET UNE NUITS,

visir, courez à lui, frappez la terre avec ce bâton devant son cheval, et dites-lui : « Je vous somme, au nom du Messie, de faire ce que le service de l’église exige. » Vous obligerez ainsi le visir de cribler le blé, de le moudre, de tamiser la farine, de la pétrir, et d’en faire de petits pains ; et quiconque refusera de vous obéir, tuez-le sur-le-champ sans crainte ; car je me charge de tout. »

Alaeddin ne manqua pas, dès le lendemain, de profiter de l’avis que venoit de lui donner la vieille. Aucun de ceux auxquels il s’adressa, n’osèrent se refuser à ce qu’il exigeoit d’eux, et il se vit par-là soulagé des ouvrages les plus pénibles. Il passa ainsi dix-sept ans, contraignant à son gré, et mettant en réquisition les grands et les petits pour le service du monastère. Un jour qu’il étoit occupé à laver et à frotter le pavé de l’église, la vieille religieuse entra, et lui commanda brusquement de s’éloigner.

« Où voulez-vous que j’aille, lui