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LES MILLE ET UNE NUITS,

devenue, et pour tenter tous les moyens possibles de se réunir à elle. Il s’exposa aux plus grands dangers, et risqua même sa vie pour se procurer ce bonheur. À peine venoit-il de la retrouver, que le prince, qui l’avoit achetée les avant surpris ensemble, se hâta de décider de leur sort, et voulut les faire mourir sans délai…

» Que pensez-vous, Seigneur, dit la princesse en s’interrompant, de la promptitude de ce prince et de son peu d’équité ? »

Le calife répondit que puisque le prince avoit tout pouvoir sur eux, il auroit dû leur pardonner, et cela pour trois raisons : la première, parce que ces deux jeunes gens s’aimoient passionnément ; la seconde, parce qu’ils se trouvoient dans son palais, et sous sa puissance ; et la troisième, parce qu’il avoit plus de moyens que ce jeune homme de se procurer une autre esclave. Ce prince, ajouta-t-il, a commis une action indigne d’un souverain.