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LES MILLE ET UNE NUITS,

Au bout de quelques jours, il s’éleva un vent contraire qui entraîna le vaisseau loin de la route qu’il devoit suivre. Le pilote, obligé de céder à la violence du vent, assembla les marchands, et leur fit part de ce qui se passoit. Les marchands l’exhortèrent à avoir courage, lui firent espérer que le vent contraire cesseroit bientôt, et qu’il pourroit reprendre sa route. Quelque temps après, il survint un calme profond ; le vaisseau cessa tout-à-coup d’avancer, et resta immobile.

Le pilote demanda aux marchands si quelqu’un d’eux connoissoit la mer dans laquelle ils se trouvoient. Tous avouèrent que jamais, dans aucun de leurs voyages, ils n’avoient été jetés dans ces parages. Le pilote tint alors aux marchands ce langage :

« Je ne connois pas moi-même cette mer par expérience ; mais, selon mon estime, nous devons être dans la mer Verte. Tous ceux qui y entrent ne manquent jamais, dit-on, d’y périr, parce qu’elle est habitée