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CONTES ARABES.

Le prince s’approcha du rideau pour remplir de coton, selon le conseil du génie Alâbous, les agrafes dont il étoit entouré. Il vit alors fondre sur lui une multitude infinie de génies, de fantômes et de monstres de toute espèce ; il entendit de tous côtés des cris effrayans, et se trouva environné de flammes et de fumée. Sans s’embarrasser des dangers qui sembloient le menacer, il exécuta soigneusement les ordres du génie, leva ensuite le rideau, et aperçut une porte qu’il ouvrit facilement. Tous les fantômes disparurent aussitôt.

Le prince, se croyant alors à l’abri de tout danger, oublia le dernier conseil du génie, et laissa retomber la porte avec bruit. Tous les monstres l’assaillirent alors de nouveau, en poussant des cris affreux, et répétant à l’envi :

« Misérable mortel, pourquoi viens-tu troubler notre repos et souiller nos demeures ? Si l’armure dont tu es revêtu ne rendoit notre fureur inutile, la mort la plus