Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IX.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
CONTES ARABES.

publiquement leur douleur. Chacun prit le deuil, et crut avoir perdu son appui, son défenseur.

Cependant l’effet de l’odieuse poudre s’étant dissipé au bout d’environ deux jours, le prince sortit de son assoupissement au moment où le soleil commençoit à s’élever sur l’horizon, et lançoit ses premiers feux sur la terre. Le jeune Habib porte autour de lui ses regards, et ne voit qu’une solitude affreuse et immense. Ses compagnons, ses armes, son coursier, tout a disparu. Indigné d’une si lâche trahison, il ne perdit pas pour cela courage.

« Dieu puissant, s’écria-t-il, c’est toi seul que j’implore, toi seul tu peux me secourir dans cette extrémité ! Je m’abandonne à ta providence ; dispose à ton gré de mes jours, mais sur-tout affermis mon cœur ; donne-moi la force et la patience qui font tout supporter avec courage. »

Le prince Habib, en portant au loin ses regards, aperçut au-delà