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LES MILLE ET UNE NUITS,

chose que je prends la liberté de vous demander, leur dit-il, et que je vous supplie de m’accorder, c’est de vous accommoder de ce que je puis vous partager de mon habit, de me donner chacun le vôtre, et de vous sauver si loin, que le roi votre père n’entende jamais parler de vous. »

Les princes furent contraints de se rendre à ce qu’il voulut ; et après qu’ils lui eurent donné leur habit l’un et l’autre, et qu’ils se furent couverts de ce qu’il leur donna du sien, l’émir Giondar leur donna ce qu’il avoit sur lui d’or et d’argent, et prit congé d’eux.

Quand l’émir Giondar se fut séparé d’avec les princes, il passa par le bois, où il teignit leurs habits du sang du lion, et continua son chemin jusqu’à la capitale de l’isle d’Ébène. À son arrivée, le roi Camaralzaman lui demanda s’il avoit été fidèle à exécuter l’ordre qu’il lui avoit donné. « Sire, répondit Giondar en lui présentant les habits des deux princes, en voici les témoignages ! »