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CONTES ARABES.

bit ; mais elle l’avoit changé en montant sur le trône, et s’étoit donné celui d’Armanos pour faire honneur à l’ancien roi son beau-père. De la sorte on ne la connoissoit plus que sous le nom de roi Armanos le jeune, et il n’y avoit que quelques courtisans qui se souvinssent du nom de Camaralzaman dont elle se faisoit appeler en arrivant à la cour de l’isle d’Ébène. Camaralzaman n’avoit pas encore eu assez de familiarité avec eux pour s’en instruire ; mais à la fin il pouvoit l’avoir.

Comme la princesse Badoure craignoit que cela n’arrivât, et qu’elle étoit bien aise que Camaralzaman ne fût redevable de sa reconnoissance qu’à elle seule, elle résolut de mettre fin à ses propres tourmens et à ceux qu’elle savoit qu’il souffroit. En effet, elle avoit remarqué que toutes les fois qu’elle s’entretenoit avec lui des affaires qui dépendoient de sa charge, il poussoit de temps en temps des soupirs qui ne pouvoient s’adresser qu’à elle. Elle vivoit elle-même dans une