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LES MILLE ET UNE NUITS,

grate, pendant que je consume les jours à la pleurer, elle les passe à me trahir ! Allons, vengeons-nous d’une infidelle et du jeune audacieux qui m’outrage. » En achevant ces mots, ce prince se leva et entra dans une grande salle où il avoit coutume de se faire voir, et de donner audience aux seigneurs de sa cour. La première porte en fut ouverte, et aussitôt les courtisans qui attendoient ce moment, entrèrent. Le grand visir Giafar parut, et se prosterna devant le trône où le calife s’étoit assis. Ensuite il se releva et se tint debout devant son maître, qui lui dit d’un air à lui marquer qu’il vouloit être obéi promptement : « Giafar, ta présence est nécessaire pour l’exécution d’un ordre important dont je vais te charger. Prends avec toi quatre cents hommes de ma garde, et t’informe premièrement où demeure un marchand de Damas, nommé Ganem, fils d’Abou Aïbou. Quand tu le sauras, rends-toi à sa maison, et fais-la raser jusqu’aux fondemens ; mais saisis-