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CONTES ARABES.

encore à se séparer. Ganem toutefois se retira dans un autre appartement, et laissa Tourmente dans celui où elle étoit, où les femmes esclaves qu’il avoit achetées, entrèrent pour la servir.

Ils vécurent ensemble de cette manière pendant plusieurs jours. Le jeune marchand ne sortoit que pour des affaires de la dernière importance ; encore prenoit-il le temps que sa dame reposoit ; car il ne pouvoit se résoudre à perdre un seul des momens qu’il lui étoit permis de passer auprès d’elle. Il n’étoit occupé que de sa chère Tourmente, qui de son côté, entraînée par son penchant, lui avoua qu’elle n’avoit pas moins d’amour pour lui, qu’il en avoit pour elle. Cependant quelqu’épris qu’ils fussent l’un de l’autre, la considération du calife eut le pouvoir de les retenir dans les bornes qu’elle exigeoit d’eux. Ce qui rendoit leur passion plus vive.

Tandis que Tourmente, arrachée, pour ainsi dire, des mains de la mort,