Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/504

Cette page a été validée par deux contributeurs.
494
LES MILLE ET UNE NUITS,

Bagdad, où après avoir fait un bon repas à midi, on passe la soirée à manger quelques fruits et à boire du vin, en s’entretenant agréablement jusqu’à l’heure de se retirer.

Ils se mirent tous deux à table. D’abord ils se firent des complimens sur les fruits qu’ils se présentoient l’un à l’autre. Insensiblement l’excellence du vin les engagea tous deux à boire ; et ils n’eurent pas plutôt bu deux ou trois coups, qu’ils se firent une loi de ne plus boire sans chanter quelque air auparavant. Ganem chantoit des vers qu’il composoit sur-le-champ et qui exprimoient la force de sa passion ; et Tourmente animée par son exemple, composoit et chantoit aussi des chansons qui avoient du rapport à son aventure, et dans lesqueles il y avoit toujours quelque chose que Ganem pouvoit expliquer favorablement pour lui. À cela près, la fidélité qu’elle devoit au calife y fut exactement gardée. La collation dura fort long-temps. La nuit étoit déjà fort avancée, qu’ils ne songeoient point