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CONTES ARABES.

La veuve d’Abou Aibou qui aimoit tendrement son fils, fut fort alarmée de cette résolution. « Mon fils, lui répondit-elle, je ne puis que vous louer de vouloir imiter votre père ; mais songez que vous êtes trop jeune, sans expérience et nullement accoutumé aux fatigues des voyages. D’ailleurs voulez-vous m’abandonner et ajouter une nouvelle douleur à celle dont je suis accablée ? Ne vaut-il pas mieux vendre ces marchandises aux marchands de Damas, et nous contenter d’un profit raisonnable, que de vous exposer à périr ? »

Elle avoit beau combattre le dessein de Ganem par de bonnes raisons, il ne les pouvoit goûter. L’envie de voyager et de perfectionner son esprit par une entière connoissance des choses du monde, le sollicitoit à partir, et l’emporta sur les remontrances, les prières, et sur les pleurs même de sa mère. Il alla au marché des esclaves. Il en acheta de robustes, loua cent chameaux ; et s’é-