Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/464

Cette page a été validée par deux contributeurs.
454
LES MILLE ET UNE NUITS,

furent détruits en un clin-d’œil.

La reine Gulnare s’étoit fait suivre par la femme de la reine Labe, qui étoit venue lui annoncer la nouvelle de l’enchantement et de l’emprisonnement du roi son fils ; et elle lui avoit recommandé de n’avoir pas d’autre soin dans la mêlée, que d’aller prendre la cage et de la lui apporter. Cet ordre fut exécuté comme elle l’avoit souhaité. Elle tira le hibou dehors ; et en jetant sur lui de l’eau qu’elle se fit apporter :

« Mon cher fils, dit-elle, quittez cette figure étrangère, et prenez celle d’homme qui est la vôtre. »

Dans le moment la reine Gulnare ne vit plus le vilain hibou : elle vit le roi Beder son fils ; elle l’embrassa aussitôt avec un excès de joie. Ce qu’elle n’étoit pas en état de dire par ses paroles, dans le transport où elle étoit, ses larmes y suppléèrent d’une manière qui l’exprimoit avec beaucoup de force. Elle ne pouvoit se résoudre à le quitter, et il fallut que la reine Farasche le lui arrachât à son