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CONTES ARABES.

roi Beder le satisfit en peu de mots, et le vieillard lui demanda encore s’il n’avoit rencontré personne en son chemin ? « Vous êtes le premier que j’aie vu, repartit le roi, et je ne puis comprendre qu’une ville si belle et de tant d’apparence soit déserte comme elle l’est. » « Entrez, ne demeurez pas davantage à la porte, répliqua le vieillard ; peut-être vous en arriveroit-il quelque mal. Je satisferai votre curiosité à loisir, et je vous dirai la raison pourquoi il est bon que vous preniez cette précaution. »

Le roi Beder ne se le fit pas dire deux fois, il entra et s’assit près du vieillard ; mais comme le vieillard avoit compris par le récit de sa disgrâce, que le prince avoit besoin de nourriture, il lui présenta d’abord de quoi reprendre des forces, et quoique le roi Beder l’eut prié de lui expliquer pourquoi il avoit pris la précaution de le faire entrer, il ne voulut néanmoins lui rien dire qu’il n’eût achevé de manger. C’est qu’il craignoit que les choses fâcheuses qu’il