Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/401

Cette page a été validée par deux contributeurs.
391
CONTES ARABES.

a grand tort de s’opposer si fortement à nous unir ensemble. Il ne vous aura pas plutôt vu, qu’il n’hésitera pas à nous rendre heureux l’un et l’autre. » En disant ces paroles, elle lui présenta la main pour marque d’amitié.

Le roi Beder crut qu’il étoit au comble de son bonheur ; il avança la main, et prenant celle de la princesse, il se baissa pour la baiser par respect. La princesse ne lui en donna pas le temps.

« Téméraire, lui dit-elle en le repoussant et en lui crachant au visage faute d’eau, quitte cette forme d’homme, et prends celle d’un oiseau blanc, avec le bec et les pieds rouges. »

Dès qu’elle eut prononcé ces paroles, le roi Beder fut changé en oiseau de cette forme, avec autant de mortification que d’étonnement. « Prenez-le, dit-elle aussitôt à une de ses femmes, et portez-le dans l’isle Sèche. » Cette isle n’étoit qu’un rocher affreux où il n’y avoit pas une goutte d’eau.