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CONTES ARABES.

fut encore du temps sans prendre la parole, après qu’il eut cessé, tant il étoit hors de lui-même. Il éclata enfin par des injures atroces et indignes d’un grand roi. « Chien, s’écria-t-il, tu oses me tenir ce discours, et proférer seulement le nom de ma fille devant moi ? Penses-tu que le fils de ta sœur Gulnare puisse entrer en comparaison avec ma fille ? Qui es-tu, toi ? Qui étoit ton père ? Qui est ta sœur, et qui est ton neveu ? Son père n’étoit-il pas un chien, et fils de chien comme toi ? Qu’on arrête l’insolent, et qu’on lui coupe le cou. »

Les officiers en petit nombre qui étoient autour du roi de Samandal, se mirent aussitôt en devoir d’obéir ; mais comme le roi Saleh étoit dans la force de son âge, léger et dispos, il s’échappa avant qu’ils eussent tiré le sabre, et il gagna la porte du palais, où il trouva mille hommes de ses parens et de sa maison, bien armés et bien équipés, qui ne faisoient que d’arriver. La reine sa mère avoit fait réflexion sur le peu de monde qu’il