Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
CONTES ARABES.

des cris effroyables et de grands efforts pour s’échapper. Ils l’apportèrent sur la sépulture de l’oiseau qu’il avoit sacrifié à sa rage ; et là, en le sacrifiant à la juste vengeance de l’assassinat qu’il avoit commis, ils lui arrachèrent la vie à coups de bec. Ils lui ouvrirent enfin le ventre, en tirèrent les entrailles, laissèrent le corps sur la place et s’envolèrent.

Camaralzaman demeura dans une grande admiration tout le temps que dura un spectacle si surprenant. Il s’approcha de l’arbre où la scène s’étoit passée, et en jetant les yeux sur les entrailles dispersées, il aperçut quelque chose de rouge qui sortoit de l’estomac que les oiseaux vengeurs avoient déchiré. Il ramassa l’estomac, et en tirant dehors ce qu’il avoit vu de rouge, il trouva que c’étoit le talisman de la princesse Badoure sa bien-aimée, qui lui avoit coûté tant de regrets, d’ennuis, de soupirs depuis que cet oiseau le lui avoit enlevé. « Cruel, s’écria-t-il aussitôt en regardant l’oiseau, tu te plaisois à faire