Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/377

Cette page a été validée par deux contributeurs.
367
CONTES ARABES.

voulurent se retirer ; et le roi Beder réussit fort bien à faire semblant de se réveiller, comme s’il eût dormi d’un profond sommeil. Il étoit vrai cependant qu’il n’avoit pas perdu un mot de leur entretien, et que le portrait qu’ils avoient fait de la princesse Giauhare, avoit enflammé son cœur d’une passion qui lui étoit toute nouvelle. Il se forma une idée de sa beauté, si avantageuse, que le désir de la posséder lui fit passer toute la nuit dans des inquiétudes qui ne lui permirent pas de fermer l’œil un moment.

Le lendemain le roi Saleh voulut prendre congé de la reine Gulnare et du roi son neveu. Le jeune roi de Perse qui savoit bien que le roi son oncle ne vouloit partir sitôt que pour aller travailler à son bonheur, sans perdre de temps, ne laissa pas de changer de couleur à ce discours. Sa passion étoit déjà si forte, qu’elle ne lui permettoit pas de demeurer sans voir l’objet qui la causoit, aussi long-temps qu’il ju-