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CONTES ARABES.

teint l’âge de quinze ans, il s’acquittoit déjà de tous ses exercices, avec infiniment plus d’adresse et de bonne grâce que ses maîtres. Avec cela il étoit d’une sagesse et d’une prudence admirable. Le roi de Perse qui avoit reconnu en lui, presque dès sa naissance, ces vertus si nécessaires à un monarque, qui l’avoit vu s’y fortifier jusqu’alors, et qui d’ailleurs s’apercevoit tous les jours des grandes infirmités de la vieillesse, ne voulut pas attendre que sa mort lui donnât lieu de le mettre en possession du royaume. Il n’eut pas de peine à faire consentir son conseil à ce qu’il souhaitoit là-dessus ; et les peuples apprirent sa résolution avec d’autant plus de joie, que le prince Beder étoit digne de les commander. En effet, comme il y avoit long-temps qu’il paroissoit en public, ils avoient eu tout le loisir de remarquer qu’il n’avoit pas cet air dédaigneux, fier et rebutant, si familier à la plupart des autres princes, qui regardent tout ce qui est au-dessous d’eux, avec