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LES MILLE ET UNE NUITS,

combien l’amitié que vous avez pour moi est sincère. Je ne pus supporter le conseil que vous me donniez de me marier à un prince de la terre. Aujourd’hui, peu s’en faut que je ne me mette en colère contre vous de celui que vous me donnez, de quitter l’engagement que j’ai avec le plus puissant et le plus renommé de tous les princes. Je ne parle pas de l’engagement d’une esclave avec un maître : il nous seroit aisé de lui restituer les dix mille pièces d’or que je lui ai coûté ; je parle de celui d’une femme avec un mari, et d’une femme qui ne peut se plaindre d’aucun sujet de mécontentement de sa part. C’est un monarque religieux, sage, modéré, qui m’a donné les marques d’amour les plus essentielles. Il ne pouvoit pas m’en donner une plus signalée, que de congédier, dès les premiers jours que je fus à lui, le grand nombre de femmes qu’il avoit pour ne s’attacher qu’à moi uniquement. Je suis sa femme, et il vient de me déclarer reine de Perse pour partici-