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CONTES ARABES.

eut achevé en marquant qu’enfin elle avoit été vendue au roi de Perse, chez qui elle se trouvoit : « Ma sœur, lui dit le roi son frère, vous avez grand tort d’avoir souffert tant d’indignités, et vous ne pouvez vous en plaindre qu’à vous-même. Vous aviez le moyen de vous en délivrer, et je m’étonne de votre patience à demeurer si long-temps dans l’esclavage : levez-vous, et revenez avec nous au royaume que j’ai reconquis sur le fier ennemi qui s’en étoit emparé. »

Le roi de Perse qui entendit ces paroles du cabinet où il étoit, en fut dans la dernière alarme. « Ah, dit-il en lui-même, je suis perdu, et ma mort est certaine, si ma reine, si ma Gulnare écoute un conseil si pernicieux ! Je ne puis plus vivre sans elle, et l’on m’en veut priver ! » La reine Gulnare ne le laissa pas long-temps dans la crainte où il étoit.

« Mon frère, reprit-elle en souriant, ce que je viens d’entendre, me fait mieux comprendre que jamais,