Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/330

Cette page a été validée par deux contributeurs.
320
LES MILLE ET UNE NUITS,

ne négligea pas de songer au moyen de chasser l’injuste possesseur de nos états ; et dans cet intervalle, il me prit un jour en particulier : « Ma sœur, me dit-il, les événemens des moindres entreprises sont toujours très-incertains ; je puis succomber dans celle que je médite pour rentrer dans nos états ; et je serois moins facile de ma disgrâce que de celle qui pourroit vous arriver. Pour la prévenir et vous en préserver, je voudrois bien vous voir mariée auparavant ; mais dans le mauvais état où sont nos affaires, je ne vois pas que vous puissiez vous donner à aucun de nos princes de la mer. Je souhaiterois que vous puissiez vous résoudre à entrer dans mon sentiment, qui est que vous épousiez un prince de la terre ; je suis prêt à y employer tous mes soins. De la beauté dont vous êtes, je suis sûr qu’il n’y en a pas un, si puissant qu’il soit, qui ne fût ravi de vous faire part de sa couronne. »

» Ce discours de mon frère me mit