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CONTES ARABES.

de bon sens pour n’en pas connoître le prix. Le corps peut bien être assujetti à l’autorité d’un maître qui a la force et la puissance en main ; mais la volonté ne peut pas être maîtrisée, elle est toujours à elle-même : votre Majesté en a vu un exemple en ma personne. C’est beaucoup que je n’aie pas imité une infinité de malheureux et de malheureuses que l’amour de la liberté réduit à la triste résolution de se procurer la mort en mille manières, par une liberté qui ne peut leur être ôtée. »

« Madame, reprit le roi de Perse, je suis persuadé de ce que vous me dites ; mais il m’avoit semblé jusqu’à présent qu’une personne belle, bien faite, de bon sens et de bon esprit comme vous, madame, esclave par sa mauvaise destinée, devoit s’estimer heureuse de trouver un roi pour maître. »

« Sire, repartit la belle esclave, quelque esclave que ce soit, comme je viens de le dire à votre Majesté, un roi ne peut maîtriser sa volonté.