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LES MILLE ET UNE NUITS,

de manger et de coucher avec moi chaque jour toute une année, et d’avoir eu cette constance inébranlable, je ne dis point de ne pas ouvrir la bouche pour me parler, mais même de ne pas donner à comprendre que vous entendiez fort bien tout ce que je vous disois. Cela me passe, et je ne comprends pas comment vous avez pu vous contraindre jusqu’à ce point ; il faut que le sujet en soit bien extraordinaire. »

Pour satisfaire la curiosité du roi de Perse : « Sire, reprit cette belle personne, être esclave, être éloignée de son pays, avoir perdu l’espérance d’y retourner jamais, avoir le cœur percé de douleur de me voir séparée pour toujours d’avec ma mère, mon frère, nos parens, mes connoissances, ne sont-ce pas des motifs assez grands pour avoir gardé le silence que votre Majesté trouve si étrange ? L’amour de la patrie n’est pas moins naturel que l’amour paternel, et la perte de la liberté est insupportable à quiconque n’est pas assez dépourvu