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CONTES ARABES.

À ce discours, la belle esclave qui, selon sa coutume, avoit écouté le roi, toujours les yeux baissés, et qui ne lui avoit pas seulement donné lieu de croire qu’elle étoit muette, mais même qu’elle n’avoit jamais ri de sa vie, se mit à sourire. Le roi de Perse s’en aperçut avec une surprise qui lui fit faire une exclamation de joie ; et comme il ne douta pas qu’elle ne voulût parler, il attendit ce moment avec une attention et avec une impatience qu’on ne peut exprimer.

La belle esclave enfin rompit un si long silence, et elle parla. « Sire, dit-elle, j’ai tant de choses à dire à votre Majesté, en rompant mon silence, que je ne sais par où commencer. Je crois néanmoins qu’il est de mon devoir de la remercier d’abord de toutes les grâces et de tous les honneurs dont elle m’a comblée, et de demander au ciel qu’il la fasse prospérer, qu’il détourne les mauvaises intentions de ses ennemis, et ne permette pas qu’elle meure après m’avoir entendu parler, mais