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LES MILLE ET UNE NUITS,

et sans dire à Noureddin ce qu’elle contenoit : « Tenez, lui dit-il, et allez vous embarquer incessamment sur un bâtiment qui va partir bientôt, comme il en part un chaque jour à la même heure ; vous dormirez quand vous serez embarqué. » Noureddin prit la lettre, et partit avec le peu d’argent qu’il avoit sur lui quand l’huissier Sangiar lui avoit donné sa bourse ; et la belle Persienne, inconsolable de son départ, se retira à part sur le sofa, et fondit en pleurs.

À peine Noureddin étoit sorti du salon, que Scheich Ibrahim qui avoit gardé le silence pendant tout ce qui venoit de se passer, regarda le calife, qu’il prenoit toujours pour le pêcheur Kerim : « Écoute, Kerim, lui dit-il, tu nous es venu apporter ici deux poissons qui valent bien vingt pièces de monnoie de cuivre au plus ; et pour cela on t’a donné une bourse et une esclave ; penses-tu que tout cela sera pour toi ? Je te déclare que je veux avoir l’esclave